Comment interpréter le Yijing chinois

(Yi Jing, I Ching, Yiking, Yijing, Yi King, Yih-king)
Livre des mutations, Livre des Oracles, Livre de sagesse,
Le classique des mutations.




Comment interpréter le Yijing chinois.
La préface de Carl Gustav Jung 10

Le cinquième trait développe le thème de la limitation. Si l’on étudie la nature de l’eau, on voit qu’elle ne remplit un creux que jusqu’au bord et continue ensuite de s’écouler. Elle n’y reste pas prise " L’abîme n’est pas rempli à déborder, il est seulement rempli jusqu’au bord. "

Mais si, tenté par le danger et à cause précisément de l’incertitude, on voulait insister et forcer la conviction par des efforts supplémentaires, tels que des commentaires élaborés et autres choses semblables, on ne ferait que s’empêtrer dans les difficultés que le trait supérieur décrit comme une situation ligotée et emmurée.

En fait, le dernier trait montre souvent les conséquences qui apparaissent lorsqu’on ne prend pas au sérieux la signification de l’hexagramme. Dans notre réponse nous avons un six à la troisième place. Le trait yin de tension croissante se change en un trait yang et produit ainsi un nouvel hexagramme montrant une possibilité ou une tendance nouvelle. Nous avons maintenant l’hexagramme 48, Jǐng, le " Puits ".

Le creux rempli d’eau ne signifie plus désormais un danger, mais plutôt quelque chose de bénéfique, un puits, une fontaine " Ainsi l’homme noble encourage le peuple au travail et l’exhorte à l’aide mutuelle. "

L’image des gens s’aidant mutuellement paraît se référer à la reconstruction du puits, car il est démoli et plein de vase. Les animaux eux-mêmes n’y boivent pas. Des poissons y vivent et on peut les capturer, mais le puits n’est pas utilisé pour boire, c’est-à-dire pour les besoins de l’homme.

Cette description rappelle le Ding, le chaudron retourné et inutilisé qui doit recevoir une nouvelle anse. En outre, " ce puits (comme le chaudron) est récuré, mais on ne boit pas de son eau " : " C’est le chagrin de mon coeur, car on pourrait y puiser. " Le dangereux trou d’eau ou abîme désignait le Yi Jing et il en va de même du puits, mais celui-ci a un sens positif : il contient les eaux vives.

Il faut le restaurer pour qu’il serve.

Mais on n’a pas de concept Il à son sujet, pas d’ustensile pour transporter l’eau : la cruche est brisée et fuit. Le chaudron a besoin d’anses et d’anneaux neufs qui permettent de le saisir, et de même le puits demande à être maçonné à nouveau, car il contient une " source claire et fraîche dont on peut boire ". On peut en tirer de l’eau, car " on peut se fier à lui ".

Il est clair que le sujet qui formule ce pronostic est encore le Yi Jing qui se présente comme une fontaine d’eau vive. L’hexagramme précédent décrivait en détail le danger encouru par celui qui tombe accidentellement dans le puits, à l’intérieur de l’abîme. Il doit travailler à en sortir, afin de découvrir que c’est un vieux puits en ruine, enseveli dans la vase, mais susceptible d’être restauré pour servir à nouveau.

J’ai soumis deux questions à une méthode fondée sur le hasard, l’oracle des pièces de monnaie, la seconde de ces questions ayant été posée après que j’eus écrit mon analyse de la réponse à la première.

La première question était en quelque sorte adressée au Yi Jing : qu’avait-il à dire sur mon action, c’est-à-dire sur la situation où j’étais l’acteur, situation que vint décrire le premier hexagramme que j’obtins ? Le Yi Jing m’a répondu en se comparant à un chaudron, à un vase rituel qui demandait à être rénové et ne trouvait qu’une faveur douteuse auprès du public. La réponse à la seconde question fut que j’étais tombé dans une difficulté, car le Yi Jing représentait un trou d’eau profond et dangereux dans lequel on pouvait facilement s’embourber. Toutefois, le trou d’eau se révéla être un vieux puits qui n’avait besoin que d’être rénové pour pouvoir servir encore.